Wendy Fievez

Qui peut dire aujourd’hui qu’il se sent écouté ? Qui peut dire qu’il est dans une réelle écoute à l’autre ? 

Que veut dire réellement écouter ?  C’est ce que je vais aborder dans cet article. 

Nous confondons entendre et écouter.

Entendre est la capacité de percevoir un son. Tandis qu’écouter, est lié à notre capacité cognitive et donc résulte de notre volonté à comprendre ce que l’on entend. Cela nous demande un effort d’attention et de concentration. Et je dirais, plus encore, que cela sollicite notre pleine présence. 

Lorsque nous disons « je t’entends ou je t’écoute » à l’autre, lui offrons-nous notre présence ? Attendons-nous de répondre à ce que cette personne nous dit ou l’écoutons-nous réellement sans chercher ce que nous allons dire ? Prêtons-nous attention à tout ce qui n’est pas dit ? Car ce sont des éléments tout aussi importants que les mots, voire plus.

Les expressions du visage, les émotions, l’intonation de la voix, le temps entre chaque prise de parole, la gestuelle, le regard, la posture du corps… eux aussi font partie de l’écoute. Car l’écoute ne sollicite pas seulement le seul sens de l’ouïe car il est possible d’écouter en regardant, en touchant, en ressentant.

Être à l’écoute de l’autre passe d’abord par une profonde écoute de soi.

Être à l’écoute du coeur qui bat, en ressentant ses pulsations dans notre poitrine, être à l’écoute du hérissement de nos poils lorsque la peur, l’effroi ou l’excitation s’emparent de nous, être à l’écoute du parfum que porte votre amour dévoilant son envie de vous séduire, être à l’écoute des murmures de votre corps vous demandant de prendre soin de lui, être à l’écoute de cette petite crispation intérieure vous mettant en garde sur une attitude à ne plus tolérer, être à l’écoute du silence dévoilant les changements à venir, être à l’écoute d’un regard vide criant au cruel manque d’amour … 

L’écoute ne passe pas seulement par nos oreilles mais par tous nos sens et cela nous demande une grande présence. Vous savez le célèbre « instant présent », ou «  la pleine présence ». Être dans la présence, c’est être attentif à tout ce qu’il se passe en nous et autour de nous.

Nous avons l’habitude de demander machinalement « comment vas-tu ? » à une personne que l’on croise, nos collègues de bureaux, nos amours quand ils rentrent du travail ou encore à nos enfants lorsqu’ils rentrent de l’école, ou nous leur balançons un simple « ça va ? ». Derrière cette simple intention coutumière se trouve un vide. Cherchons-nous vraiment à savoir comment s’est déroulé la journée de nos enfants ? Ou encore à savoir comment s’est passé la journée de travail de nos partenaires de vie ? Ou à cette personne que l’on croise, voulez-vous vraiment prendre le temps d’écouter les problèmes actuels que cette personne traverse ? La majorité d’entre nous ne le veut pas. Car cela demande du temps. Du temps que l’on ne se consacre déjà pas à soi-même. Ou parfois pour combler ce temps que l’on ne prend pas pour s’écouter réellement.

Il y a un double paradoxe avec l’écoute.

Le premier c’est que pour commencer à s’écouter, il faut écouter les autres. Lorsqu’on entame une démarche personnelle vers un mieux-être, nous partons en quête de clés, de méthodes, d’outils, mais surtout de réponses. Des réponses que l’on ne trouve pas chez soi. Pourquoi ? Parce que nous voulons aller vite, parce qu’écouter vraiment nous mettrait face à la vérité. NOTRE vérité. Alors on écoute les autres, à la recherche de réponses. Se perdant dans les voies des autres, se noyant dans un univers de développement personnel, de spiritualités diverses et de pratiques énergétiques et thérapeutiques tout aussi variées. C’est beau, c’est nouveau, c’est exaltant. Mais ce n’est toujours pas nous. On s’y retrouve mais ce n’est toujours pas nous que l’on trouve. Alors on se persuade de s’être trouvé et on continue cette voie de non-écoute. 

On en fait notre vérité, on accueille l’autre en croyant être à l’écoute mais on lui propose une voie pour l’embarquer sur notre chemin, qui je le rappelle, n’est pas le nôtre.

Un jour on finit par se perdre dans la masse d’étiquettes et on se retrouve à la case départ. 

« Me suis-je écouté ? »

Le deuxième paradoxe se trouve aussi dans l’écoute à l’autre, mais celui-ci se fait dans une intention de présence. On devient conscient que l’autre nous reflète une partie de nous-mêmes. C’est confrontant, c’est douloureux, c’est beau aussi. On peut y découvrir sa valeur, on peut reconnaitre ses failles mais surtout on se reconnait. Se voir permet aussi de voir l’autre.

Il y a plus de beauté et d’amour qui circulent dans deux bouches fermées et deux coeurs ouverts que dans deux bouches ouvertes et deux coeurs fermés.

Vous savez, les paroles s’envolent … Les coeurs savent.

Quel est le problème de tous ces couples qui n’arrivent plus à communiquer, toutes ces familles qui se déchirent, ces maladies qui se manifestent, ces pertes de sens de plus en plus fréquentes ?

Le manque d’écoute. Nous voulons tous être écoutés. Nous avons ce grand désir d’être compris, d’être vus, d’être considérés. Avez-vous déjà vécu ce moment où une personne, qu’elle vous soit proche ou inconnue, arrive à vous toucher en plein coeur en vous posant d’une manière très posée et profonde un « comment allez-vous ? »  ou par un simple regard, une simple main posée sur la vôtre, et à ce moment-là vous fondez en larme ?

Si oui, alors vous avez gouté à la puissance de la présence. Elle vient vous envelopper dans une bulle, un cocon de sécurité où vous savez que vous ne risquez rien si vous vous dévoilez. Et puis, cette personne vous offre l’espace de vous déposer, elle vous voit et vous permet de vous voir, elle vous fait vous sentir exister. Et n’avons-nous pas tous ce mal en nous et ce désir brulant tout au fond de nous de se sentir exister ?

C’est un mot puissant.

Le monde est en souffrance aujourd’hui, ce n’est un secret pour personne. Cependant… que faisons-nous ?

Pas grand chose.

Car nous essayons, nous tentons de fuir ce qui nous colle à la peau : cette impression de ne pas exister. 

Et pourtant que faudrait-il pour que cela change ?

S’écouter. Mais vraiment quoi.

On pourrait épiloguer pendant des semaines, des mois, des années même, pour savoir le pourquoi de ce sentiment et il est multiple.

Prendre le temps d’écouter ce qui vit en soi.

Prendre le temps de ressentir la contraction et l’expansion. Ressentir l’inspiration et l’expiration prendre corps en soi. Sentir quand c’est le moment de s’élancer tout comme le moment de se rétracter. 

Parfois nous parlons pour ne rien dire, nous faisons des parties de cache-cache avec nous-mêmes mais avec les autres aussi. Pouvons-nous oser dire un « j’ai quelque chose à te dire … » lorsque vient le moment d’aborder une situation qui demande d’être éclaircie ? C’est inconfortable, bien sûr. Mais n’est-il pas plus confortable de vivre ce moment inconfortable que de vivre confortablement un inconfort permanent ?

J’aime bien ce genre de phrase.

Nous nous créons des noeuds au cerveau pensant avancer vers quelque chose de simple. Au final nous éludons la situation, espérant prendre un raccourci. Sauf que des raccourcis, il n’y en a pas. Il nous faut affronter la situation avec courage et audace, faire preuve d’authenticité et d’honnêteté avec soi-même d’abord. Il y a beaucoup plus de guérisons qui s’opèrent dans une écoute sincère que dans la recherche et la course aux méthodes toutes faites. Nous gagnerions en temps, en argent et en liens sincères si nous osions nous déposséder de toutes ces croyances qui nous maintiennent séparés. De toutes ces quêtes illusoires. De toutes ces attentes incessantes. Espérer que l’autre soit à l’écoute, sois attentif à nos besoins, y réponde selon nos propres critères et tout cela sans prononcer aucun mots. Oui, nous espérons que l’autre devine ce que nous désirons. Quitte à lui balancer au visage son incompétence, ses manquements, son manque d’écoute, son manque de connaissance de nous-même, son manque d’amour… 

Nous sommes tous différents, nous agissons tous différemment, nous avons tous des histoires de vie différentes même si parfois elles se ressemblent dans leurs formes. Cependant l’autre n’est pas nous, nos partenaires de vie ne sont pas nous, nos enfants ne sont pas nous. Chaque personne, chaque individualité a son fonctionnement unique.

Développer son écoute intérieure nous permet aussi de développer notre intuition et de développer notre conscience de nous-mêmes. De développer notre créativité et d’être plus imaginatif quant aux solutions dont nous aurions besoin. 

Être à l’ écoute de ce qui se passe en soi nous permet de mieux nous comprendre. De déceler les éléments qui nous amènent de la joie, de l’élévation mais aussi ceux qui nous drainent, ceux qui nous alourdissent l’esprit et le corps.

Être à l’écoute de soi ne favorise pas uniquement nos relations avec les autres mais cela nous permet surtout, en premier lieu, de nous redonner de l’importance, de nourrir notre valeur, de prendre conscience de nos potentiels et de se sentir relié à la vie et à cette grande intelligence divine. Des rester connecté à nos rêves et à nos désirs sans se laisser détourner par les conseils, les jugements, les critiques que peuvent nous fournir les autres mais continuer de nourrir uniquement ce qui est important pour soi et son bien-être. En rapport à nos valeurs.

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Pour mettre en pratique cette écoute :

1️⃣ Je vous invite à prendre le temps d’écouter votre environnement, à repérer toutes ces choses qui vous mettent hors de vous, toutes ces choses qui vous nourrissent et vous apaisent. Prenez le temps de noter tout ce qui vous remplit, tout ce qui vous apporte de la joie : les personnes, les activités, les environnements, les moments de la journée ou de l’année, …

2️⃣ Appelez une personne que vous n’avez pas vu depuis longtemps et demandez-lui réellement comment elle va. Sans parler de vous. Soyez simplement à l’écoute et vous serez surpris, agréablement, par la tournure que prendra cette conversation. Vous percevrez des choses que vous n’aviez jamais remarqué auparavant. La magie sera au rendez-vous.

3️⃣ Prenez des rendez-vous avec vous-mêmes, afin de vous séduire, afin de vous reconquérir, comme si vous alliez à un rendez-vous amoureux. Mais cette fois ce sera vous et vous. Vous serez surpris par tout ce que vous découvrirez de vous : des peurs, des doutes, de l’audace, de la puissance, de la joie, de l’empathie, une présence, de la fuite, des émotions qui vous interpellent, un changement dans votre façon de regarder le monde et ceux qui vous entourent, un accès plus profond à votre sagesse intérieure, de l’amour qui jaillit et qui rayonne tout autour de vous…

Le plus beau cadeau que l’on puisse se faire est d’écouter ce qui vit au plus profond de soi.

Car la vie tend à vous faire passer un message. Alors … écoutez.